Je rêve que Noël
Répare le réel,
Rabiboche la vie,
Qu’à tous elle sourie.
L’étoile du berger
Déploierait sa clarté
Pour ramener la Terre
De l’ombre à la lumière.
Imagine un requin
Plein aux as et radin,
Qui se fait magnanime
Envers ceux qu’il opprime.
Avant, spoliateur.
À Noël, donateur.
Jusque-là, misanthrope.
Au-delà, philanthrope.
Imagine un roi fou
– Pourquoi pas à Moscou ? –
Qui tout à coup oublie
Sa guerre et sa folie.
Si, dans l’œil du tueur
S’anime une lueur,
Le regard qui fusille
Se désarme et vacille.
Imagine un passeur
Qui devient défenseur
De ceux qu’il utilise
En pures marchandises.
Diminuer ses prix ?
Ou se changer l’esprit ?
Comprendre que le lucre
Détruit tout qui se sucre.
Imagine un ministre
Qui sort de ses registres
Et circule en plein air.
Touché par un éclair,
Il perçoit la détresse,
Le cri que lui adressent
Les gens de tous les jours
En pénible séjour.
Pour redresser la barque,
Sans se croire monarque,
Avec une ferveur
De simple serviteur,
Sur lui, Noël a prise :
Voici qu’il s’humanise.
La politique enfin
Redécouvre un chemin.
Imagine un enfant.
Près de lui sa maman.
Noël, déjà vivace
Chaque fois qu’ils s’embrassent,
Offre d’autres détours
Au pays de l’amour.
Ce matin, ils s’enchantent.
Noël se réinvente.
Chaque Noël nous vaut
Un infini nouveau
Où redevient possible
La justice crédible,
Un respect de l’humain
Sans attendre demain.
Au lieu de vœux pieux,
Un coup de main à Dieu.
Publié le 24 décembre 2022, dans La Libre Belgique, p. 44