En 1995, les mesures prises par la Ministre de l’Education Onkelinx ont provoqué des grèves durables. J’ai pensé que l’opposition aux décisions gouvernementales était fondée, mais que les élèves ne pouvaient pas faire les frais d’une opération de grève. J’ai donc continué à assurer un enseignement adapté aux circonstances pour les élèves (rares) qui continuaient à fréquenter l’école.
Les « pouvoirs publics » ont décidé d’englober dans un même ensemble tous les professeurs d’un établissement grévistes ou non et de leur imposer un retrait de salaire.
Voici la lettre que j’ai adressée à la Ministre à cette occasion.
C’est sans doute inutile de préciser qu’elle est restée sans réponse et sans effet.
Namur, le 29 février 1996.
Madame la Ministre-Présidente de la Communauté française de Belgique
place Surlet de Chokier, 15-17
B 1000 Bruxelles
Objet : contestation de la décision de retrait de salaire
Madame la Ministre-Présidente,
Votre envoi recommandé m’est parvenu ce matin. Le retrait de salaire que vous pratiquez à mon égard est injuste et inacceptable. Non-gréviste déclaré, j’ai été empêché, par l’absence des élèves, de donner normalement les cours qui font partie de mon horaire, mais je me suis trouvé, à chacune de ces heures dans mon local de cours pour travailler avec les élèves qui se présentaient. J’invoque donc la force majeure comme cause de non-prestation, raison en présence de laquelle l’employeur ne peut priver l’employé d’un salaire pour fonctions non prestées.
Je vous demande formellement de veiller à faire cesser ce déni de justice et de me restituer mon dû. Si vous deviez persister dans votre décision, je me verrais bien sûr contraint de porter le litige devant le tribunal du travail, qui trancherait.
Voudriez-vous me permettre d’ajouter une brève réflexion ? Comment estimez-vous crédible vos réflexions sur la moralité des professeurs, alors que vous prenez vous-même des décisions qui bafouent la loi, le respect des droits individuels et les procédures administratives pratiquées en la matière ? Je ne sais pas si vous prendrez la peine de répondre à cette question : elle n’est qu’une parmi tant d’autres que posent aujourd’hui au simple citoyen le comportement des politiciens et les principes moraux qui le sous-tendent.
En attendant le plaisir de vous lire, Madame la Ministre-Présidente, je vous prie de croire à l’assurance de toute la considération qui vous revient.
François-Xavier Druet
professeur au Collège Notre-Dame de la Paix à Erpent
rue Henri Blès 178
B 5000 NAMUR